Les pistes se précisent pour renforcer la sécurité incendie des immeubles d’habitation de quatrième famille, qui seront bientôt renommés « Immeubles de moyenne hauteur » (IMH, 28-50m). L’une d’entre elles, qui pourrait faire couler beaucoup d’encre, est envisagée : celle de renforcer drastiquement les exigences en termes de résistance au feu des matériaux, au point d’exclure certaines solutions.
Illustration incendie sinistre © ThinkStockPhotos
Une « nécessité de réglementer la rénovation thermique par l’extérieur »
Concrètement, trois projets de textes sont dans les cartons : le décret relatif aux travaux de modification des immeubles de moyenne hauteur et son arrêté d’application (précisant les solutions constructives acceptables pour les rénovations de façade), et l’arrêté modifiant l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments d’habitation. « Les retours d’expériences français avec la tour Mermoz à Roubaix en 2012 [lire notre article ici], ou encore les incendies allemands sur du polystyrène expansé en 2012, ou plus récent le retour d’expérience de la tour Grenfell, faisant 79 morts, sans compter les autres nombreux incendies de tours pour lesquels la façade a joué un rôle propagateur important, démontrent la nécessité de réglementer la rénovation thermique par l’extérieur, en proposant des solutions constructives qui ont fait leurs preuves ou en recourant aux tierces parties compétentes afin de valider les solutions apportées par les maîtres d’œuvre », posent les pouvoirs publics dans un document de présentation de la réforme, que Batiactu a pu obtenir.
Le maillon faible français : 2.800 bâtiments de quatrième famille
Qu’en est-il du nombre de bâtiments de quatrième famille en France qui seraient impactés par cette réglementation, c’est-à-dire n’ayant pas d’ores et déjà mis en place de l’incombustible en façade ? « Un rapport récent interne du CSTB à la DHUP précise qu’il y a environ 11.500 bâtiments d’habitation dont la hauteur est comprise entre 28 m et 50 m en France », précisent les pouvoirs publics. Sur ce nombre, seulement 2.817 bâtiments existants seraient concernés par la nouvelle réglementation, d’après l’estimation de l’administration. Ces 2.800 bâtiments seraient donc le cœur de ce « point faible » de la réglementation incendie française. Le surcoût évalué serait de 20 euros par mètre carré, en passant d’une solution polystyrène avec bande de recoupement incombustible (obligatoire aujourd’hui, et depuis 2015), à une solution incombustible (potentiellement obligatoire demain). Il faut préciser que dans ces estimations, l’administration part du principe que la réglementation a systématiquement été respectée, notamment en ce qui concerne l’instruction technique 249 qui introduit les bandes de recoupement incombustible dans les cas de PSE.